mercredi 31 décembre 2008

TOP 2008 • 40-31


40. The Walkmen - You & Me

"
You & Me porte la marque des albums sans concessions, magma musical habilement encadré, baroque et tendre, traversé de vagues nostalgiques. Indispensable."
DJ Duclock, duclock.blogspot.com

Long Time Ahead Of Us (MP3)





39. Bon Iver - For Emma, Forever Ago

"L'incroyable voix aiguë et réverbérée de Justin ainsi que sa très belle plume sont les vedettes de cet opus qui vous emmènera dans les tréfonds de la forêt de votre imagination : le voyage sera ardu mais libérateur et jouissif au final."
Saab, With Music In My Mind

Skinny Love (MP3)




38. Orouni - Jump Out The Window

"Album frais et printanier empli de mélodies tantôt galopantes, tantôt mélancoliques (mais invariablement attachantes), Jump Out The Window respire la sincérité par tous les pores."
Jeff, Goûte Mes Disques

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37. Vampire Weekend - Vampire Weekend

"Vampire Weekend a réussi à attendre la quasi-perfection pop sur 35 minutes. [...] C'en est presque inquiétant pour la suite: qu'est-ce qu'ils peuvent faire de plus que ça?"
Erwan, The Man Of Rennes Steals Our Hearts

M79 (Daytrotter session) (MP3)




36. The Moondoggies - Don't Be A Stranger

"The Moondoggies are The Band and My Morning Jacket. They’re Southern Rock meets The Arcade Fire in an elevator when Belle & Sebastian get on with their arm wrapped around The Grateful Dead."
b kramer, Aquarium Drunkard

Changing (MP3)

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35. Old Crow Medicine Show - Tennessee Pusher

"They are not purist, they are not alternative, they are not folk, they are not rock, they are not country. They might have been punks. Or they could have. Anyway. Their new album, Tennessee Pusher is a killer."
David F Keller, davidfkeller.blogspot.com

Methamphetamine (MP3)

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34. Conor Oberst - Conor Oberst & The Mystic Valley Band

"Cette joie est réellement la valeur ajoutée du disque, car elle en définit l'identité, voire même sa raison d'être : Conor Oberst n'avait sans doute pas d'autre vocation que de prendre du plaisir à écrire et jouer ce disque."
Michaël Choisi, Popnews







33. Crooked Fingers - Forfeit/Fortune

"An 11-song set of dusty, horn-laden, highway driving, drink-spilling heartache that stands as the group's most solid piece of work to date." James Christopher Monger, AllMusic

Your Control [feat. Neko Case] (MP3)

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32. Liz Durrett - Outside Our Gates

"Outside Our Gates may be her most satisfying album to date, but more crucially, despite the crowd of guests, it's definitely the most hers."
Stephen M Deusner, Pitchfork

Wild As Them (MP3)







31. Jason Collett - Here's To Being Here

"Here's To Being Here is the best kind of homage, a folk-gospel-blues mash-up that sounds like it could be The Velvet Underground's critically adored long-lost country record, if such a thing existed."
Amanda Petrusich, A.V. Club

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mardi 30 décembre 2008

TOP 2008 • 50-41


50. Pierre de Reeder - The Way That It Was
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49. Fleet Foxes - Fleet Foxes


48. Chatham County Line - IV
The Carolinian (MP3)
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47. Tift Merritt - Another Country
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46. Emmylou Harris - All I Intended To Be
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45. Ron Sexsmith - Exit Strategy Of The Soul


44. Hank Williams III - Damn Right, Rebel Proud
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43. Abigail Washburn & The Sparrow Quartet - Abigail Washburn & The Sparrow Quartet
Strange Things (MP3)
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42. Gary Louris - Vagabonds
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41. Jean-Louis Murat - Tristan
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vendredi 19 décembre 2008

Charlie Haden Family & Friends - Rambling Boy

Peu le savent, mais le célèbre contrebassiste de jazz Charlie Haden a commencé sa carrière musicale sous le pseudonyme de Little Yodeling Cowboy Charlie. A peine sait-il marcher qu'il accompagne ses parents et ses frères et soeurs au sein de la Haden Family, écumant le sud et le midwest des Etats-Unis avec leur répertoire country et gospel, jusqu'à ce qu'une polio contractée à l'âge de 15 ans handicape gravement ses capacités vocales. Le jeune Charlie se consacre alors exclusivement à la contrebasse qui l'amena à la carrière que l'on connaît.



Presque 60 ans plus tard, Haden, qui a toujours nourri l'idée de revenir à ses premières amours, a réuni autour de lui, de ses enfants et de sa femme, les meilleurs musiciens et vocalistes country et bluegrass pour revisiter ensemble le répertoire traditionnel.

Les vocaux des triplées Haden constituent le fil conducteur de ces 19 morceaux. Elles harmonisent à la perfection sur le Single Girl, Married Girl de AP Carter, Seven Year Blues des Louvin Brothers et A Voice From On High de Bill Monroe.

Charlie Haden Family & Friends - Seven Year Blues (Feat. The Haden Triplets) (MP3)

Puis chacune a droit à son morceau solo. Petra s'empare du traditionnel irlandais The Fields Of Athenry. Le morceau débute presque a cappella puis s'étoffe progressivement, chacun allant de son solo (Bruce Hornsby au piano, Jerry Douglas au dobro, Pat Metheny à la guitare), avant un final tout en beauté. Rachel s'illustre sur He's Gone Away et Tanya sur Tramp On The Street.

Sublimement servie par la guitare de Pat Metheny, Ruth Cameron - Mme Haden dans le civil - s'attaque à Down By The Salley Gardens. Quant à Josh Haden, en reprenant son Spiritual - présent sur le 2ème album de Spain et aussi entendu chez Johnny Cash - il offre un moment terriblement poignant, rendu encore plus beau par l'apport de Jerry Douglas au dobro et Stuart Duncan au fiddle.



Côté invités, on remarque d'abord les prestations de Rosanne Cash (Wildwood Flower), de Vince Gill (Rambling Boy) et du toujours-fourré-dans-les-bons-coups Elvis Costello (You Win Again).

Charlie Haden Family & Friends - 20/20 Vision (Feat. Bruce Hornsby) (MP3)

Puis on s'attarde volontiers sur l'interprétation du 20/20 Vision de Jimmy Martin par Bruce Hornsby épaulé par la contrebasse de Haden. Haden qui ne pouvait pas se tromper en confiant les moments les plus bluegrass à deux orfèvres du genre : Ocean Of Diamonds à Dan Tyminski et Road Of Broken Hearts à Ricky Skaggs (par ailleurs très présent sur tout l'album, à la mandoline, au banjo ou aux choeurs).

Jack Black s'invite également aux festivités. Après tout il fait aussi partie de la famille (il est marié à Tanya) et ses compétences en banjo et en chant lui permettent de côtoyer Bela Fleck sur Old Joe Clark.



La fin de l'album met en parallèle la première apparition radio de Little Yodeling Cowboy Charlie en 1939 et une prestation rare : Haden, aujourd'hui 70 ans, chantant de sa voix limitée Oh Shenandoah, ode à la ville de son enfance en Iowa.



Conçu comme un hommage à ses parents et un héritage pour ses enfants, Charlie Haden a aussi fait de Rambling Boy un cadeau immense à tous les amateurs de country, de bluegrass et de jazz.

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Acheter Rambling Boy (2008, Decca)

lundi 15 décembre 2008

David Mead - Almost and Always Part 1.


Saluons le demi-retour de David Mead aux affaires, deux ans après le superbe Tangerine Dream. Je dis demi car c'est pour l'instant la moitié de son nouvel album que nous dévoile l'Américain. La démarche est originale. Almost and Always Part 1. est téléchargeable via le widget ci-dessous. Deux possibilités s'offrent à vous : soit vous payez le mini-album la somme de votre choix, soit vous le téléchargez gratuitement mais dans ce cas-là vous serez prié d'en faire la promotion auprès de 5 personnes. Simple comme bonjour.



Pour en revenir à la musique, Almost and Always Part 1. est très différent de Tangerine Dream. Finies les effusions pop, la grandiloquence et les excès magnifiques; l'heure est au dépouillement et à la sobriété sur ces morceaux qui se veulent le témoignage de la vie après le mariage. Vivement la suite.


Little Boats - Live at Tin Angel in Philadelphia, PA on November 5, 2008.

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samedi 13 décembre 2008

Crooked Fingers - Forfeit/Fortune


De ses débuts en héraut du campus-rock américain avec Archers of Loaf à son travail de producteur (Micah P Hinson, Liz Durrett), en passant par ses compositions de BO ou son album solo (To The Races), Eric Bachmann a plus qu'à son tour fait montre d'un éclectisme rare. De toutes ses incarnations, Crooked Fingers est probablement la plus fidèle à son tempérament et son talent protéiforme.

Crooked Fingers - What Never Comes (MP3)

Forfeit/Fortune est d'ailleurs l'album le plus schizophrène et composite de Crooked Fingers mais aussi soniquement le plus riche. Cuivres, cordes et synthétiseurs, Bachmann et ses co-producteurs Mark Nevers et Alex McManus ne se sont pas économisés pour ce qui est d'ajouter des couches. Pour commencer What Never Comes offre un déroutant téléscopage entre le E-Street Band et le Heroes de Bowie complété par un choeur féminin auquel Bachmann confie le morceau suivant. Miranda Brown s'en sort haut la main sur Luisa's Bones même si on se croit brusquement atterri sur un album de Laura Veirs. Phony Revolutions prend l'allure d'un puzzle aléatoirement assemblé, Bachmann s'efforçant d'y imbriquer des pièces aussi différentes que du flamenco-rock, de la pop synthé et des pastilles de chanson chinoise (?). Le plus mystérieux, c'est que le résultat de cet improbable alliage est incroyablement catchy.


Let's Not Pretend (to Be New Men)

Cannibals est un morceau plus facilement lisible qui rappelle l'americana-pop de l'album précédent, Dignity and Shame, tandis que les nostalgiques de To The Races seront servis par la beauté sinistre de Let's Not Pretend (to Be New Men) et la simplicité folk de Run, Lieutenant, Run - du moins s'il l'on omet la dernière minute en forme de roucoulade gypsy. L'obsession latino de Bachmann se traduit d'ailleurs par une touche hispanisante sur à peu près tous les morceaux; No Me Los Des est le plus explicite en la matière avec ses paroles en espagnol et son côté Calexico en cure d'excentricité.

Crooked Fingers - Your Control [feat. Neko Case] (MP3)

Plus étrange encore, Give And Be Taken livre une sorte de r'n'b ténébreuse soutenue par les choeurs robotiques de Miranda Brown et le chant syncopé de Bachmann. Les sceptiques pourront toujours se rabattre sur le fantastique duo pop 80's avec Neko Case (Your Control) qui clôt cet album joyeusement déconcertant.
[Chronique également publiée sur VoxPopMag]

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Acheter Forfeit/Fortune (2008, Constant Artists)

mercredi 10 décembre 2008

Kasey Chambers & Shane Nicholson - Rattlin' Bones

Des premières notes de banjo de Rattlin' Bones aux balbutiements de l'enfant entonnant No Depression à la fin de l'album, il ne fait guère de doute que l'on est là en présence d'un nouveau classique de la country et de l'americana.

Kasey Chambers a longtemps bénéficié d'une cote importante auprès des amateurs du genre mais ces errements répétés sur des terrains middle of the road avaient fini par en décourager certains (dont moi). Accompagné de son mari, Shane Nicholson, elle revient aux fondamentaux : une instrumentation roots riche et variée ((banjo, mandoline, dobro, fiddle, guitares acoustiques, resonator...) qu'on imaginerait cultivée au coeur des Appalaches mais qui est bien l'oeuvre d'un couple d'Australiens.



Mieux de que de s'inscrire dans la tradition des duos country, Kasey Chambers et Shane Nicholson l'enrichissent considérablement, si bien qu'il faut remonter aux chefs d'oeuvre de Caitlin Cary et Thad Cockrell, Buddy et Julie Miller ou Gillian Welch et David Rawlings, pour se rappeler de voix s'entremêlant avec une telle évidence et une telle grâce.

Qu'ils chantent à l'unisson, en solo ou en call-and-response, les vocaux sont effectivement l'un des nombreux motifs de ravissement qu'offre cet album. La voix enfantine et vulnérable de Chambers est ici idéalement complétée par le timbre plus assuré de son mari.

Kasey Chambers & Shane Nicholson - Rattlin' Bones (MP3)

Mais aussi amoureux soient-ils, Chambers et Nicholson ont pris le parti sur Rattlin' Bones de nous parler de solitude, de doute et de détresse. A ce titre, les premières phrases du morceau-titre font leur petit effet : "Smoke don’t rise/Fuel don’t burn/Sun don’t shine no more/Late one night, sorrow come round/Scratching at my door", ou un pur moment de beauté noire et désespérée.

The Devil's Inside My Head est l'un de ces titres forts en références religieuses, voire gothiques : "I had a dream I was in my grave/Made my way to the Pearly Gates/Underneath opened up and I fell/Down to the gates of Hell." Le morceau file à toute vitesse sur une instrumentation bluegrass et une Kasey Chambers littéralement possédée.


Monkey On A Wire

Du diable il est encore question sur le glaçant Your Day Will Come : "When you go to sleep at night/Tell me will the demons come/And drag you down with both hands/To where it's hotter than the burnin' sun?" Le percutant Monkey On A Wire se fait plus cryptique mais convie des images fortes telles que ces singes "walking like jesus with woodoo in their eyes" tandis que le dépouillé No One Hurts Up Here prend la forme d'un gospel éthéré sur l'attente du salut éternel.

Mais Rattlin' Bones réserve quelques échappées plus lumineuses, à commencer par le glamouresque Sweetest Waste Of Time, bel exercice classic-country à la Tammy & George, ou le joli Once In A While.

Kasey Chambers & Shane Nicholson - Wildflower (MP3)

Ces quelques lignes tirées de Wildflower semblent vouloir nous délivrer la formule de l'alchimie à l'oeuvre sur Rattlin' Bones : "I'm a wildflower in a garden/Tended everyday/I'm an old dog, hard to love/And even harder to change". Elle la fleur sauvage, lui le vieux chien, et entre les deux, un grand, très grand album.

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[Site officiel]


Acheter Rattlin' Bones (2008, Sugar Hill)

lundi 8 décembre 2008

Eldorado

Nouveau venu dans les kiosques, Eldorado est un bimestriel consacré à la musique américaine sous toutes ses formes. Lancé par l'équipe de Fargo, on y croise donc les figures importantes du label telles qu'Alela Diane, Liam Finn, Joseph Arthur, Clare & the Reasons... mais aussi quelques têtes entr'aperçues sur les pages virtuelles de ce blog : Ryan Bingham, Jenny Lewis, My Morning Jacket...



Egalement à lire de toute urgence : les rétrospectives Ron Sexsmith et Randy Newman, les hommages à Bo Diddley et Jerry Wexler et les chroniques de disques. Et en prime, un sampler digital à télécharger.

[Le site]

samedi 6 décembre 2008

Cosmic French Music #8 • St. Augustine - In A Field Of Question Marks

Ce n'est plus un secret, la musique américaine en France ne s'est jamais mieux épanouie que dans les montagnes de l'Auvergne.



St Augustine vient confirmer la tendance avec un mini-album, In A Field Of Question Marks, jolie carte de visite pop-folk-country.

Accompagné d'un groupe aux compétences larges, François-Régis Croisier, le Clermontois qui se cache sous le pseudo de St Augustine, peut laisser libre cours à ses fantasmes yankee.

En 6 titres seulement, l'Auvergnat livre les multiples facettes de son talent avec pour point commun l'excellence de l'instrumentation et une voix immédiatement attachante.

To The Floor et 14th of July penchent la balance du côté intimiste, en configuration guitare/voix pour le premier et piano/voix pour le second. Mais Icelandic avait d'abord ouvert l'EP de manière plus punchy, banjo et mandoline s'unissant pour une valse effrénée.

Plus lyrique encore, Kidney est aussi foisonnant et exalté que Polar Bears est sobre et dépouillé. Le disque aurait pu s'arrêter sur cette chanson extraordinaire, belle à couper le souffle. Mais l'inattendu Rainy Country vient clore In A Field Of Question Marks sur une note pop et légère, élargissant un peu plus l'étendue des possibles pour St Augustine.

St. Augustine - Polar Bears (MP3)

[MySpace]
[Premier album prévu pour mars 09]


Acheter In A Field Of Question Marks (2008, Kütü Folk)

jeudi 4 décembre 2008

Old Crow Medicine Show - Tennessee Pusher

Tennessee Pusher, ou le changement dans la continuité pour Old Crow Medicine Show, le old time string band auquel même les plus allergiques au bluegrass ne peuvent résister.



Le changement : un nouveau producteur, Don Was (Rolling Stones, Dylan), remplace David Rawlings qui officiait sur Big Iron World (2006) et OCMS (2004). La continuité : le même alliage d'instruments acoustiques (fiddle, banjo, et harmonica) et surtout une énergie et une ferveur intactes.

Certes Don Was polit quelque peu le son, enlevant à Tennessee Pusher la saveur prise directe que pouvaient avoir ses prédécesseurs. Ce n'est pas en soi une mauvaise chose, d'autant plus que les chansons rassemblées sont parmi les meilleurs que le groupe n'ait jamais signées.



Il est loin le temps où le groupe s'appuyait largement sur des traditionnels. On compte ici une seule reprise, le Lift Him Up de Blind Alfred Reed. Sur les originaux, TP s'attarde volontiers sur des thèmes peu consensuels : la drogue (Methamphetamine), la prostitution (The Greatest Hustler Of All), ou la politique (Motel in Memphis, sur l'assassinat de Martin Luther King).

Le single Caroline, Alabama High-Test ou Humdinger sont les morceaux qui assurément déclencheront l'hystérie partout où le groupe se produira - "We got wine, whisky, women and guns/How can ya ‘ford not to have any fun?", en effet comment résister?

Plus pensifs, le magnifique Highway Halo, Next Go 'Round, et The Evening Sun montrent la face apaisée et mature du groupe. Dans une veine encore plus froide, le morceau-titre évoque ostensiblement le Neil Young de On The Beach.



Le renfort de Jim Keltner à la batterie et de Benmont Tench aux claviers aide vraiment à enrichir le son du groupe, l'éloignant un peu plus du label 100% traditionnel.

C'est donc peu de dire que les puristes de l'old-time music feront la moue. Old Crow Medicine Show doit désormais davantage à Bob Dylan et à The Band qu'à Bill Monroe.

Old Crow Medicine Show - Methamphetamine (MP3)
Old Crow Medicine Show - Tennessee Pusher (MP3)

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[Site officiel]


Acheter Tennessee Pusher (2008, Nettwerk)

mardi 2 décembre 2008

[Track By Track] Alejandro Escovedo - Real Animal

Il y a à peine 4 ans, Alejandro Escovedo était pratiquement à l'article de la mort. Le voilà de retour aujourd'hui avec un éclatant témoignage de vitalité et d'énergie. Real Animal, son 9ème album, prend la forme d'une autobiographie, chaque chanson décrivant un lieu, une époque ou une rencontre.



1. Always A Friend
On ne pouvait rêver meilleure entrée en matière que cet ode à la joie et l'amitié incroyablement catchy. Springsteen en personne a invité Escovedo sur scène pour la reprendre. Mise en ligne, la vidéo de la performance a créé le plus énorme buzz de toute la carrière de son auteur. Mieux vaut tard que jamais!

Alejandro Escovedo - Chelsea Hotel '78 (MP3)

2. Chelsea Hotel '78
En 1978, les Nuns - le premier groupe d'Escovedo - débarquent à New York en provenance de San Francisco où ils viennent d'ouvrir pour le dernier concert des Sex Pistols. Ils atterrissent au mythique Chelsea Hotel - "we came to live inside the myth of everything we'd heard" - peu avant le drame de Sid et Nancy - "all we know is they found Nancy in her black underwear dead on the bathroom floor." Le décor est planté pour un titre qui ramène Escovedo à ses racines punk.


Dessin de Daniel Hertzberg
The New Yorker

3. Sister Lost Soul
Dédié à Jeffrey Lee Pierce du Gun Club, Sister Lost Soul - qui réserve quelques clins d'oeil aux productions de Phil Spector - sonne comme une complainte aux âmes perdues du rock'n'roll, ceux qui n'ont connu que la face sombre du tableau.

4. Smoke
Retour au punk sur Smoke. Guitares tranchantes et cordes frénétiques entourent Escovedo qui livre une prestation vocale excentrique.


The True Believers

5. Sensitive Boys
Sensitive Boys renvoie à la période des True Believers (1982-1987), chronologiquement le 3ème groupe d'Escovedo. Cette ballade gorgée de choeurs féminins et ponctuée par un joli solo de saxo rend aussi hommage à tous ces garçons sensibles qui formèrent les groupes de l'époque : Green on Red, Rain Parade, the Replacements, Soul Asylum...

6. People (We're Only Gonna Live So Long)
Cet intermède bluesy est un hymne rassembleur ("Working people, retired people/People with too much on their plate/Skinny people, homeless people/People with nowhere to lay") qu'Escovedo a été invité à jouer à la convention démocrate de Denver. C'est aussi une invitation à empoigner la vie tant qu'il en est encore temps ("We still got time/But never quite as much as we think").



7. Golden Bear
Le Golden Bear était un club de Huntington Beach où Escovedo traînait beaucoup adolescent. La décrépitude de l'établissement fait écho à la maladie du chanteur (une hépatite C) - "there's a creature in my body, there's a creature in my blood" - qui faillit lui coûter le vie en 2003. Musicalement c'est un hommage évident à l'une de ses idoles, David Bowie (les claviers tout droit sortis de Ashes to Ashes). Et pour enfoncer le clou c'est Tony Visconti qui produit l'album.

8. Nuns Song
Nouvelle référence au groupe ses débuts, Nuns Song capture l'esprit de l'époque : "We don't want your approval, it's 1978. We know we're not in tune. We know we'll never be great." Et toujours cet alliage de guitares agressives, cordes classieuses et choeurs exaltés.


Alejandro et Chuck dans le studio

9. Real As A Animal
Comme le résume magnifiquement Chuck Prophet (ex-Green on Red, qui a co-écrit toutes les chansons de l'album), Alejandro Escovedo c'est the Stooges meets Bartok. Il était donc tout naturel que Iggy Pop se retrouve cité comme l'animal sur ce morceau brut de décoffrage.

10. Hollywood Hills
Là on est plus du côté Bartok de la force. Hollywood Hills regorge de cordes délicates pour un tendre retour sur l'amour qui lui fit quitter les collines d'Hollywood.

11. Swallows Of San Juan
Superbe valse, Swallows Of San Juan fait pour Escovedo la promesse du retour. Retour aux lieux de son enfance et à la source de sa passion pour la musique : "I'm gonna crawl upon the shore/Roll in the mud and the clay/Like the swallows of San Juan/I'm gonna get back someday."


Rank & File

12. Chip n' Tony
"All I ever wanted was a four piece band/Yeah we're coming on stron just like an accident" : ainsi naquit Rank & File, le 2ème groupe d'Alejandro Escovedo. Chip et Tony Kinman avaient formé Rank and File sur les cendres de leur combo punk The Dils, rapidement rejoints par Escovedo le temps d'un album, Sundown (1982), pierre angulaire du mouvement cowpunk.

Alejandro Escovedo - Slow Down (MP3)

13. Slow Down
Cette magnifique ballade clôt l'album une fois de plus sur ce qui est son thème central : le temps, celui qui passe, celui qu'on ne peut rattraper et qu'on aurait aimé suspendre. "Slow down, slow down/It's moving much too fast/I can't live in this moment/When I'm tangled in the past."


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Acheter Real Animal (2008, Back Porch)

dimanche 30 novembre 2008

The Whipsaws - 60 Watt Avenue

Bien décidés à venger l'affront Sarah Palin, les Whipsaws replacent l'Alaska sur la carte américaine du rock'n'roll avec leur 2ème album, 60 Watt Avenue.



Le morceau d'ouverture laisse peu de doutes sur les intentions d'Evan Philips (chant, guitare, harmonica), Aaron Benolkin (guitare, lap steel), James Dommek Jr (batterie) et Ivan Molesky (basse) : "don't tell me where i gotta go/cause i believe in rock'n'roll" résonne en écho distordu sur les dernières notes de 60 Watt comme un avertissement, presque une menace.

Cette foi inébranlable transpire à chaque seconde de 60 Watt Avenue. Prenez par exemple l'irrésistible High Tide ou Bar Scar, qui rivalisent de guitares tranchantes. L'instrumental Sinferno va même plus loin avec un véritable festival de riffs dévastateurs. C'est le même esprit sale et dissipé du guitariste Neil Young qui est mis à l'honneur sur Ode To Shakey, l'hommage au Loner étant complété par une reprise du Mr Soul de Buffalo Springfield.



Mais les Whipsaws savent aussi jouer des cordes plus sensibles. Coming Home offre ainsi une échappée mélancolique sur un tapis de fiddles et lap-steel, qui ne manquera pas d'évoquer le Son Volt des débuts. Dans la même veine country, Stick Around ("There are mysteries that surround you that I don't want to solve") aurait pu figurer sans mal sur le Jacksonville City Nights de Ryan Adams.

Jessi Jane et Lonesome Joe sont deux personnages que, bien qu'à l'opposé, l'on imagine pouvoir croiser facilement dans les rues d'Anchorage. Jessi est aussi insaisissable que le vent ("Jessi, your love is like the wind/I couldn't keep you from the bottle, couldn't keep you from the sin"), les supplications du chanteur auront du mal à la ramener mais c'est au moins le prétexte à un titre extraordinairement catchy et twangy à la fois.

The Whipsaws - Lonesome Joe (MP3)

Joe est un caractère qui aurait pu habiter une chanson de Townes Van Zandt. Le chanteur semble compatir pour ce vétéran qui roule en Harley et dont le parcours nous reste mystérieux ( "So Joe took his money and he walked away/'Cause he'd had enough of the booze and the cocaine/And all the dreams he hoped might wash away/All the sad things that he'd seen"). Reste qu'un banjo délicat et une lap-steel fatiguée et implorante nous mettent sur la piste.

The Whipsaws - The War (MP3)

Déployant l'argumentaire d'un recruteur de l'armée, The War est un morceau d'une puissance rare, à la fois lyrique et cynique, le brûlot anti-guerre le plus cinglant qu'il nous ait été donné d'entendre depuis longtemps. Ses guitares affolées et son leitmotiv - "when you turn 18, you better join the War" - n'ont pas fini de résonner en nous.

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Acheter 60 Watt Avenue (2008, Blue Rose)

vendredi 28 novembre 2008

Blitzen Trapper - Furr

Wild Mountain Nation avait pu laissé de marbre par son côté bordélique et découragé au point de ranger le groupe dans la case des sensations sans lendemain montées de toute pièce par des blogs en mal d'inspiration. Une seule écoute de Furr suffit pourtant à changer complètement notre perception de Blitzen Trapper. Le groupe a sérieusement révisé son comportement de branleurs qui, entre les disques country et folk de leurs parents, auraient trop écouté Pavement. Furr est solide et consistant là où Wild Mountain Nation était dispersé et pas sérieux.



La pochette en dit long sur l'ambition du groupe : un logo futuriste sur un fond rustique et boisé. Entre les bidouillages et le songwriting à l'ancienne la bande à Eric Earley ne veut surtout pas choisir.

Furr garde en effet le côté expérimentateur lo-fi qui faisait le charme des premiers albums de Blitzen Trapper tout en y adjoignant des structures plus traditionnelles. Les ruptures de rythmes et autres dissonances de Sleepytime in the Western World, Gold For Bread ou God & Suicide semblent échapper de l'Odelay de Beck. Mais ces morceaux sont avant tout de pures chansons pop, joyeuses et addictives, que l'on peut apprécier en tant que telles, et non pas - comme si souvent chez M Hansen - d'abscons exposés du génie créatif de leur concepteur.


Le morceau-titre, ci-dessus interprété chez Conan O'Brien, est une sublime ballade folk sobre qui conte la transformation d'un ado en loup puis son retour à la forme humaine sous l'effet de l'amour - ou quelque chose dans le genre. Ce n'est qu'une des nombreuses vignettes pastorales que renferme Furr et qui en font quelque part un hymne poétique à la nature.

Blitzen Trapper - Black River Killer (MP3)

L'album suit son cours et la mue du groupe se fait plus franche. Après la pop au piano enjouée de Saturday Nite, on bascule soudainement dans le mythe de la murder-song avec Black River Killer. Not Your Lover enfonce le clou dans un registre plus proche d'un Neil Young lacrymal tandis que War On Machines vient chercher des noises à Wilco sur son terrain le plus pop.



Blitzen Trapper - Echo/Always On/Easy Con (MP3)

Love U
rappelle que l'excentricité fait toujours partie du vocabulaire du groupe, et si la country n'est qu'un des multiples genres que le groupe aime à empoigner, elle s'offre une belle échappée sur Stolen Shoes & A Rifle. Plus loin, le folk éthéré de Echo/Always On/Easy Con commence-t-il à peine à charmer que le groupe renverse aussi sec son morceau pour en faire une sorte de jam funky sorti d'on ne sait où.

C'est sûr, Blitzen Trapper cultive toujours l'ouverture d'esprit et le goût des mélanges extravagants; mais le petit groupe lo-fi sympathique et maladroit s'est définitivement transformé en un ovni americana dont Furr serait le renversant premier chef d'oeuvre.

[Chronique également publiée sur VoxPopMag]

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Acheter Furr (2008, Sub Pop)