dimanche 30 novembre 2008

The Whipsaws - 60 Watt Avenue

Bien décidés à venger l'affront Sarah Palin, les Whipsaws replacent l'Alaska sur la carte américaine du rock'n'roll avec leur 2ème album, 60 Watt Avenue.



Le morceau d'ouverture laisse peu de doutes sur les intentions d'Evan Philips (chant, guitare, harmonica), Aaron Benolkin (guitare, lap steel), James Dommek Jr (batterie) et Ivan Molesky (basse) : "don't tell me where i gotta go/cause i believe in rock'n'roll" résonne en écho distordu sur les dernières notes de 60 Watt comme un avertissement, presque une menace.

Cette foi inébranlable transpire à chaque seconde de 60 Watt Avenue. Prenez par exemple l'irrésistible High Tide ou Bar Scar, qui rivalisent de guitares tranchantes. L'instrumental Sinferno va même plus loin avec un véritable festival de riffs dévastateurs. C'est le même esprit sale et dissipé du guitariste Neil Young qui est mis à l'honneur sur Ode To Shakey, l'hommage au Loner étant complété par une reprise du Mr Soul de Buffalo Springfield.



Mais les Whipsaws savent aussi jouer des cordes plus sensibles. Coming Home offre ainsi une échappée mélancolique sur un tapis de fiddles et lap-steel, qui ne manquera pas d'évoquer le Son Volt des débuts. Dans la même veine country, Stick Around ("There are mysteries that surround you that I don't want to solve") aurait pu figurer sans mal sur le Jacksonville City Nights de Ryan Adams.

Jessi Jane et Lonesome Joe sont deux personnages que, bien qu'à l'opposé, l'on imagine pouvoir croiser facilement dans les rues d'Anchorage. Jessi est aussi insaisissable que le vent ("Jessi, your love is like the wind/I couldn't keep you from the bottle, couldn't keep you from the sin"), les supplications du chanteur auront du mal à la ramener mais c'est au moins le prétexte à un titre extraordinairement catchy et twangy à la fois.

The Whipsaws - Lonesome Joe (MP3)

Joe est un caractère qui aurait pu habiter une chanson de Townes Van Zandt. Le chanteur semble compatir pour ce vétéran qui roule en Harley et dont le parcours nous reste mystérieux ( "So Joe took his money and he walked away/'Cause he'd had enough of the booze and the cocaine/And all the dreams he hoped might wash away/All the sad things that he'd seen"). Reste qu'un banjo délicat et une lap-steel fatiguée et implorante nous mettent sur la piste.

The Whipsaws - The War (MP3)

Déployant l'argumentaire d'un recruteur de l'armée, The War est un morceau d'une puissance rare, à la fois lyrique et cynique, le brûlot anti-guerre le plus cinglant qu'il nous ait été donné d'entendre depuis longtemps. Ses guitares affolées et son leitmotiv - "when you turn 18, you better join the War" - n'ont pas fini de résonner en nous.

[MySpace]


Acheter 60 Watt Avenue (2008, Blue Rose)

vendredi 28 novembre 2008

Blitzen Trapper - Furr

Wild Mountain Nation avait pu laissé de marbre par son côté bordélique et découragé au point de ranger le groupe dans la case des sensations sans lendemain montées de toute pièce par des blogs en mal d'inspiration. Une seule écoute de Furr suffit pourtant à changer complètement notre perception de Blitzen Trapper. Le groupe a sérieusement révisé son comportement de branleurs qui, entre les disques country et folk de leurs parents, auraient trop écouté Pavement. Furr est solide et consistant là où Wild Mountain Nation était dispersé et pas sérieux.



La pochette en dit long sur l'ambition du groupe : un logo futuriste sur un fond rustique et boisé. Entre les bidouillages et le songwriting à l'ancienne la bande à Eric Earley ne veut surtout pas choisir.

Furr garde en effet le côté expérimentateur lo-fi qui faisait le charme des premiers albums de Blitzen Trapper tout en y adjoignant des structures plus traditionnelles. Les ruptures de rythmes et autres dissonances de Sleepytime in the Western World, Gold For Bread ou God & Suicide semblent échapper de l'Odelay de Beck. Mais ces morceaux sont avant tout de pures chansons pop, joyeuses et addictives, que l'on peut apprécier en tant que telles, et non pas - comme si souvent chez M Hansen - d'abscons exposés du génie créatif de leur concepteur.


Le morceau-titre, ci-dessus interprété chez Conan O'Brien, est une sublime ballade folk sobre qui conte la transformation d'un ado en loup puis son retour à la forme humaine sous l'effet de l'amour - ou quelque chose dans le genre. Ce n'est qu'une des nombreuses vignettes pastorales que renferme Furr et qui en font quelque part un hymne poétique à la nature.

Blitzen Trapper - Black River Killer (MP3)

L'album suit son cours et la mue du groupe se fait plus franche. Après la pop au piano enjouée de Saturday Nite, on bascule soudainement dans le mythe de la murder-song avec Black River Killer. Not Your Lover enfonce le clou dans un registre plus proche d'un Neil Young lacrymal tandis que War On Machines vient chercher des noises à Wilco sur son terrain le plus pop.



Blitzen Trapper - Echo/Always On/Easy Con (MP3)

Love U
rappelle que l'excentricité fait toujours partie du vocabulaire du groupe, et si la country n'est qu'un des multiples genres que le groupe aime à empoigner, elle s'offre une belle échappée sur Stolen Shoes & A Rifle. Plus loin, le folk éthéré de Echo/Always On/Easy Con commence-t-il à peine à charmer que le groupe renverse aussi sec son morceau pour en faire une sorte de jam funky sorti d'on ne sait où.

C'est sûr, Blitzen Trapper cultive toujours l'ouverture d'esprit et le goût des mélanges extravagants; mais le petit groupe lo-fi sympathique et maladroit s'est définitivement transformé en un ovni americana dont Furr serait le renversant premier chef d'oeuvre.

[Chronique également publiée sur VoxPopMag]

[MySpace]


Acheter Furr (2008, Sub Pop)

mardi 25 novembre 2008

Shannon McArdle - Summer of the Whore

Le premier album solo de Shannon McArdle intervient après son divorce d'avec Thimothy Bracy et la séparation de leur groupe, The Mendoza Line, qui en avait découlé. C'est peu de dire que cette séparation et ses conséquences alimentent le disque qui fut enregistré l'espace de l'été 2007, ce fameux Summer of the Whore - un titre à ne pas prendre au pied de la lettre tient-elle à nous préciser.



Amères, crues et drôles à la fois, l'écriture de ces chansons a agit pour McArdle comme un remède à sa déprime amoureuse. A la fin de Summer of the Whore, on la sent prête pour un nouveau départ, une nouvelle direction qui la ménerait loin de l'ombre de son ex-groupe, dont l'influence est encore prégnante sur de nombreux morceaux. C'est tout sauf une mauvaise chose évidemment - The Mendoza Line n'était-il pas l'un des meilleurs groupes américains de ces dernières années? - mais on serait curieux de la voir creuser son sillon personnel.

Shannon McArdle - This Longing (MP3)
Shannon McArdle - Come, Autumn Breeze (MP3)

[MySpace]


Acheter Summer of the Whore (2008, Bar None)

dimanche 23 novembre 2008

No Depression #50 • March-April 2004


Morceaux choisis...


Grey DeLisle - Sharecroppin' Man (MP3)
[sur The Graceful Ghost]
“Grey DeLisle has a dream : she is performing with Loretta Lynn when Wanda Jackson comes onto stage. Somehow a plastic "Roy Rogers type guitar from the 50's" materializes in DeLisle's hands and her first thought is to find a marker so Jackson can autograph it. When she does, the ink won't stick to the plastic, and Grey becomes panicked. [...] A week after awaking from this nightmare, DeLisle was asked to open for Wanda Jackson in Hollywood, and she's stoked. "I mean. I'm. Playing. With. WANDA JACKSON!"“
page 51, A Remembrance of Things Past by Silas House.


Patty Griffin - Top Of The World (MP3)
[sur Impossible Dream]
“The Chicks invited Griffin to open a host of date on their tour, and their scorching ascent dragged the titian-haired, reserved, Maine-born singer-songwriter along like a kite tail tied to the space shuttle. Previously, her Austin fans had been more accustomed to seeing her in the cozy acoustic-music confines of the 150-seat Cactus Cafe. [...] But now she contemplated facing nearly 18000 boisterous, pent-up Dixie Chicks fans, most of whom seemed to be willowy teenage girls in zebra-striped cowboys hats. [...] "It wasn't even nerve-wracking," she said much later. "It seems like you're so far away from the audience, and that's not my favorite way to play a show. It's not," she concluded, laughing, "my cup of tea."“
page 92, Gliding Bird by John T. Davis.


BR549 - No Friend Of Mine (MP3)
[sur Tangled In The Pines]
“From the days of sold-out show at Robert's to packed clubs on the road, BR549 fans tend to be wildly devoted. Partly it's the wise-guy fun that Mead and his partners-in-crime bring to their modern take on traditional honky-tonk. Partly it's just that people who love this style of music fear that it's perpetually on the brink of extinction, since country radio and Music Row ignore it. Dale Watson, the Derailers, Wayne Hancock and others attract the same kind of cultish devotion.“
page 84, BR549 Go Back to Lower Broadway by Michael McCall.

------------------------------------------

No Depression #47 • Sept-Oct 2003
No Depression #41 • Sept-Oct 2002
No Depression #35 • Sept-Oct 2001
No Depression #27 • May-June 2000
No Depression #22 • July-Aug 1999
No Depression #16 • July-Aug 1998
No Depression #8 • March-April 1997
No Depression #5 • Sept-Oct 1996
No Depression #1 • Fall 1995

mercredi 5 novembre 2008

Brothers and Sisters - Fortunately


Pour en savoir plus sur les Brothers and Sisters je vous renvoie au post que je leur avais consacré l'année dernière. Tous les compliments que j'avais pu leur faire s'applique à Fortunately, leur nouvel album, mais puissance 10. Peu de groupes manient avec ce talent les codes du country-rock. Les guitares carillonnent, la pedal-steel implore, les harmonies irradient... que demander de plus?

Brothers and Sisters - You're Gone (MP3)
Brothers and Sisters - The Air Is Getting Thicker (MP3)

[MySpace]


Acheter Fortunately (2008, The Calla Lily Company)