La pochette en dit long sur l'ambition du groupe : un logo futuriste sur un fond rustique et boisé. Entre les bidouillages et le songwriting à l'ancienne la bande à Eric Earley ne veut surtout pas choisir.
Furr garde en effet le côté expérimentateur lo-fi qui faisait le charme des premiers albums de Blitzen Trapper tout en y adjoignant des structures plus traditionnelles. Les ruptures de rythmes et autres dissonances de Sleepytime in the Western World, Gold For Bread ou God & Suicide semblent échapper de l'Odelay de Beck. Mais ces morceaux sont avant tout de pures chansons pop, joyeuses et addictives, que l'on peut apprécier en tant que telles, et non pas - comme si souvent chez M Hansen - d'abscons exposés du génie créatif de leur concepteur.
Le morceau-titre, ci-dessus interprété chez Conan O'Brien, est une sublime ballade folk sobre qui conte la transformation d'un ado en loup puis son retour à la forme humaine sous l'effet de l'amour - ou quelque chose dans le genre. Ce n'est qu'une des nombreuses vignettes pastorales que renferme Furr et qui en font quelque part un hymne poétique à la nature.
Blitzen Trapper -
L'album suit son cours et la mue du groupe se fait plus franche. Après la pop au piano enjouée de Saturday Nite, on bascule soudainement dans le mythe de la murder-song avec Black River Killer. Not Your Lover enfonce le clou dans un registre plus proche d'un Neil Young lacrymal tandis que War On Machines vient chercher des noises à Wilco sur son terrain le plus pop.
Blitzen Trapper -
Love U rappelle que l'excentricité fait toujours partie du vocabulaire du groupe, et si la country n'est qu'un des multiples genres que le groupe aime à empoigner, elle s'offre une belle échappée sur Stolen Shoes & A Rifle. Plus loin, le folk éthéré de Echo/Always On/Easy Con commence-t-il à peine à charmer que le groupe renverse aussi sec son morceau pour en faire une sorte de jam funky sorti d'on ne sait où.
C'est sûr, Blitzen Trapper cultive toujours l'ouverture d'esprit et le goût des mélanges extravagants; mais le petit groupe lo-fi sympathique et maladroit s'est définitivement transformé en un ovni americana dont Furr serait le renversant premier chef d'oeuvre.
[Chronique également publiée sur VoxPopMag]
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Acheter Furr (2008, Sub Pop)
3 commentaires:
C'est marrant comment sa voix sonne parfois le Dylan des années 60 mais aussi, suivant l'instrumentation moins folkeuse, plus pop à l'anglaise de "Echo" à David Bowie !
J'aime beaucoup en tout cas, merci pour la découverte
Le logo m'avait fait croire que c'était encore un truc électro futuriste pénible... avant que je me rende compte que non, pas du tout! Impressions mitigées tout de même sur cet album assez inégal.
C'est vrai Laurent que Earley chante comme Dylan... et encore, j'ai pas mis le morceau qui clot l'album, Lady on the Water, tu aurais été encore plus frappé par la ressemblance!
Erwan je te trouve dur! en même temps je trouve étrange que cet album soit sorti dans une telle confidentialité, alors qu'il y avait eu un buzz énorme sur leur précédent... il faut croire que tu n'es pas le seul à avoir été déçu... ce que je ne comprends absolument pas!
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