Le morceau d'ouverture laisse peu de doutes sur les intentions d'Evan Philips (chant, guitare, harmonica), Aaron Benolkin (guitare, lap steel), James Dommek Jr (batterie) et Ivan Molesky (basse) : "don't tell me where i gotta go/cause i believe in rock'n'roll" résonne en écho distordu sur les dernières notes de 60 Watt comme un avertissement, presque une menace.
Cette foi inébranlable transpire à chaque seconde de 60 Watt Avenue. Prenez par exemple l'irrésistible High Tide ou Bar Scar, qui rivalisent de guitares tranchantes. L'instrumental Sinferno va même plus loin avec un véritable festival de riffs dévastateurs. C'est le même esprit sale et dissipé du guitariste Neil Young qui est mis à l'honneur sur Ode To Shakey, l'hommage au Loner étant complété par une reprise du Mr Soul de Buffalo Springfield.
Mais les Whipsaws savent aussi jouer des cordes plus sensibles. Coming Home offre ainsi une échappée mélancolique sur un tapis de fiddles et lap-steel, qui ne manquera pas d'évoquer le Son Volt des débuts. Dans la même veine country, Stick Around ("There are mysteries that surround you that I don't want to solve") aurait pu figurer sans mal sur le Jacksonville City Nights de Ryan Adams.
Jessi Jane et Lonesome Joe sont deux personnages que, bien qu'à l'opposé, l'on imagine pouvoir croiser facilement dans les rues d'Anchorage. Jessi est aussi insaisissable que le vent ("Jessi, your love is like the wind/I couldn't keep you from the bottle, couldn't keep you from the sin"), les supplications du chanteur auront du mal à la ramener mais c'est au moins le prétexte à un titre extraordinairement catchy et twangy à la fois.
The Whipsaws - Lonesome Joe (MP3)
Joe est un caractère qui aurait pu habiter une chanson de Townes Van Zandt. Le chanteur semble compatir pour ce vétéran qui roule en Harley et dont le parcours nous reste mystérieux ( "So Joe took his money and he walked away/'Cause he'd had enough of the booze and the cocaine/And all the dreams he hoped might wash away/All the sad things that he'd seen"). Reste qu'un banjo délicat et une lap-steel fatiguée et implorante nous mettent sur la piste.
The Whipsaws - The War (MP3)
Déployant l'argumentaire d'un recruteur de l'armée, The War est un morceau d'une puissance rare, à la fois lyrique et cynique, le brûlot anti-guerre le plus cinglant qu'il nous ait été donné d'entendre depuis longtemps. Ses guitares affolées et son leitmotiv - "when you turn 18, you better join the War" - n'ont pas fini de résonner en nous.
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Acheter 60 Watt Avenue (2008, Blue Rose)
2 commentaires:
Oui Thanu, tu as tout a fait raison, la référence au loner est présente tout au long de cet album (qui à mon sens, mais je pense que tu ne partages pas cet avis, aurais pu faire l'impasse sur les quelques passages de steel guitar, dont la langueur brise un peu le propos de l'album), cette référence est présent jusque dans War qui rappelle les engagements du canadien. Les guitares sont brillantes, un morceau comme 60Watt ou comme Ode to shakey (là la ressemblance est même presque troublante) ou encore Jesse Jane méritent que ce groupe puisse passer l'Atlantique.Peut être que le fait que tu les chroniques y aidera.
A+
Thierry
les passages les plus country ne m'ont pas gêné tu t'en doutes bien donc sur ce point-là on ne sera pas d'accord! Pour le reste je continuerai - comme toi je l'espère - à militer pour les Whipsaws... il n'est pas exclu qu'on les recroise sur bientôt sur ce blog au moment des traditionnels bilans de fin d'année...
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