lundi 12 juin 2006

Oui j'aime les Dixie Chicks, elles sont même mes copines sur Myspace!


"Just so you know, we're ashamed the President of the United States is from Texas". Ces mots, prononcés en 2003 lors d'un concert à Londres par Nathalie Maines, sonnèrent le déclenchement d'un torrent de haine sur le groupe phare de la country mainstream. Boycott des radios country (notamment grâce au propriétaire de la plupart d'entre elles Clear Channel, dont le pdg n'est autre qu'un fidèle ami et généreux donateur de George W. Bush), réunions entre ex-fans pour brûler leur CD, menaces de mort prises très au sérieux par le FBI comptèrent parmi les dégâts collatéraux engendrés par l'accès de sincérité de la chanteuse des Dixie Chicks. La conséquence la plus heureuse de cette polémique fut sans doute d'éloigner leur public le plus extrémiste et d'attiser la curiosité d'une audience habituellement réfractaire au genre.

L'histoire de la musique l'a déjà montré, la country mainstream n'est pas qu'un simple repaire de bouseux rétrogrades (politiquement et musicalement) recyclant à loisir tous les clichés inhérents au genre. Le premier exemple qui me vient à l'esprit c'est bien sûr Dolly Parton, qui, si elle fut parfois capable du pire, n'en reste pas moins une songwriter de talent. Patty Loveless et Marty Stuart, pour en citer 2 autres, montrent aussi qu'on peut faire partie de l'etablishment tout en refusant les compromis.


Les Dixie Chicks font partie de cette précieuse lignée et leur dernier album, Taking The Long Way, le prouve à nouveau. Pour cet opus, les 3 Texanes ont pris un double virage esthétique et musical. Esthétiquement, finies les tenues cowgirl et bonjour le look femmes mûres. En gros, elles sont passées de Walker Texas Ranger à Sex In The City. Musicalement, seuls les ornements banjo et fiddle viennent rappeler les racines country du groupe. Car désormais la tonalité est clairement pop/rock. Rick Rubin, qui produit l'album, n'est sans doute pas étranger à ce changement de cap. En tout cas, après les Beastie Boys, les Red Hot, Johnny Cash, ou Neil Diamond, il continue à faire preuve de son éclectisme. Quant aux chansons en elle-mêmes, elles rivalisent de fraîcheur et d'efficacité mélodique, que ce soit dans un registre rock sudiste (Lubbock Or Leave It), gospel (I Hope), celtique (Bitter End), bluesy (I Like It) ou sur des ballades subtiles (Lullaby, Baby Hold On). Le point d'orgue est atteint avec le rebelle Not Ready To Make Nice, qui se charge de régler une fois pour toute les comptes de LA polémique dans un réjouissant crescendo. Cette réussite doit aussi beaucoup à la dream-team de collaborateurs réunis pour la co-écriture : Gary Louris (Jayhawks), Neil Finn, Mike Campbell, Pete Yorn, Sheryl Crow, Dan Wilson (Semisonic) et Keb Mo.

Trois ans après le brouhaha suscitée par les propos de Nathalie Maines, les choses ont bien changé. La majorité des Américains désapprouvent la politique de George Bush en Irak, les fans de Toby Keith et Reba McEntire ont fini de cracher leur venin, et les Dixie Chicks sont de retour en tête des charts.


Dixie Chicks - Not Ready To Make Nice (MP3)
Dixie Chicks - Easy Silence (MP3)


Achetez Taking The Long Way (2006/Columbia)


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