C'est peu de dire que Mary Gauthier s'est souvent livrée tout au long de ses 5 précédents albums, mais son dernier-né, The Foundling, revêt un caractère encore plus autobiographique. The Foundling raconte son histoire, celle d'une enfant abandonnée à la naissance, placée dans un orphelinat puis adoptée et qui, arrivé l'âge de 45 ans, retrouve sa mère biologique qui la rejette. Entre temps il y aura eu la fuite du foyer adoptif instable (père alcoolique, mère suicidaire) à l'âge de 15 ans, des années d'errance et d'excès avant de trouver sa voie de songwriter 20 ans plus tard.
Convié aux manettes, Michael Timmins (des Cowboys Junkies) assure la production parfaite pour mettre en valeur les confessions de Gauthier. Cette dernière s'entoure de trombones, fiddle et orgue sur Sideshow, l'un des morceaux les plus orchestrés du lot, qui évoque l'esprit de la Nouvelle-Orléans, la ville où elle est née. Une chanson écrite bien avant qu'elle ne projette de retrouver sa mère, tout comme Goodbye, qui figurait déjà sur Filth & Fire (2002), mais qui renvoie, comme elle l'explique, au sentiment de vide qu'éprouve les enfants abandonnés. De la même manière, Sweet Words a été écrit après une rupture sentimentale mais peut se lire à travers le prisme de la mère absente.
La quête maternelle de Gauthier l'a menée naturellement au St. Vincent’s Women and Infants Asylum, l'institution à laquelle elle fut confiée à sa naissance et jusqu'à son adoption un an plus tard. De cette visite qui la bouleverse, elle tire les poignants The Orphan King, Mama Here, Mama Gone avec Margo Timmins aux choeurs et le morceau-titre, une valse à l'accordéon sublime de tristesse.
Mais le climax de l'album est atteint sur March 11, 1962, qui décrit la conversation téléphonique avec sa mère dont elle a enfin retrouvé la trace et qui maintenant la rejette. Traitée sans pathos, la chanson s'articule sur les vocaux plus parlés que chantés de Gauthier, un fiddle grinçant et une guitare électrique perçante.
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