Parlons un peu de la magie de Myspace. Cet instrument communautaire capable à la fois de vous faire découvrir un groupe de popeux qui émerge juste à côté de chez vous et de vous mettre sur la piste d'un songwriter maudit qui fourbit ses armes à quelques milliers de kilomètres de là. Le groupe de popeux en question c'est
Toy Fight*, ou plus exactement un de ses membres David, qui m'a mis sur la piste du songwriter maudit qui nous intéresse aujourd'hui,
Henry Sparrow.
Originaire de Portland, Oregon,
Brent Ballantyne a un beau jour décidé d'émigrer à l'autre bout du pays, dans le comté de Chatham en Caroline du Nord. Après un album sorti en catimini et un autre jamais terminé, Brent traverse une période de doute qui le conduit à se poser des questions sur sa vocation d'artiste. Mais finalement décidé à rebondir, il choisit de reprendre tout à zéro, et quoi de mieux pour ça que de changer d'identité? C'est ainsi que naît son double,
Henry Sparrow. Parce que ses expériences précédentes eurent à souffrir de contraintes financières et techniques, avec ce nouveau projet tout serait question de simplicité et d'économie. Le principe tient en une phrase : écrire une chanson par jour, l'enregistrer aussitôt, ne plus y toucher. C'est donc armé en tout et pour tout d'une feuille de papier, d'un stylo, d'une guitare et d'un enregistreur mini-disc que Brent mis au monde les chansons d'
Henry Sparrow. En un mois, 21 chansons furent enregistrées et 16 retenues pour intégrer le recueil
Bird Songs, Volume One.
Tout commence par le chant d'un coq et d'emblée le ton est donné.
Bird Songs n'est pas un hymne à la nature mais l'environnement y est cependant omniprésent. Brent a enregistré ses chansons sans filet, en une seule prise, dans sa ferme des environs de Durham et si un camion venait à passer (ce qui arriva) et bien il prenait simplement sa place dans l'enregistrement. Et il en est de même pour les oiseaux. D'ailleurs Brent, qui n'a pas choisi son pseudonyme au hasard, comme dans la posture du chanteur incompris par ses congénères, semble chanter seulement pour eux. Il leur chante l'histoire de cet illuminé convaincu de la fin des temps (
Some Prophet Saw It Happen). Il leur conte le voyage hallucinogène de la petite Annie (
Annie Saw The City Of God) ou leur décrit l'emprise du gourou sur ses disciples (
Kerosene).
Mais
Henry Sparrow n'est pas seulement un fin chroniqueur de nos vies absurdes, c'est aussi un mélodiste hors-pair. L'écoute de douceurs telles que
Strike Up The World et
Top Hat donnerait au citadin le plus endurci l'envie d'un retour à la nature tant elles respirent le grand air, une sorte de plénitude champêtre. Quant à
All Of The Lonely Names,
Our Father's Sons et
Irene And The Man Of Her Dreams, mine de rien, leurs refrains vous rentrent dans la tête pour ne plus en sortir.
Je pourrais continuer comme ça longtemps, Bird Songs contient 16 titres et autant de perles qui ne demandent qu'à être découvertes.
Heureux, décidemment, les oiseaux premiers auditeurs de ces chansons! Quant à vous pauvres humains, protégez les espèces (de songwriter) en voie de disparition, écoutez Henry Sparrow!
Henry Sparrow - Strike Up The World (MP3)
Henry Sparrow - Top Hat (MP3)
Henry Sparrow - Epic (MP3)
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Achetez Bird Songs, Volume One (2005, Thimble Music) (bel objet aussi précieux que la musique qu'il renferme!)
*Bonne nouvelle, on m'apprend à l'instant qu'Henry Sparrow vient de rejoindre le collectif Toy Fight!