mardi 23 mars 2010

Collin Herring - Ocho

Produit par Will Johnson (Centro-Matic, South San Gabriel, Molina & Johnson), Ocho est le 4ème album du Texan Collin Herring et, comme son nom l'indique, il comprend 8 morceaux. Un album court donc, 30 minutes à peine, la durée parfaite pour cette plongée introspective qui vous agrippe dès l'entame avec un bouleversant et cru Nothing's Good.


L'humeur lourde et le ton intimiste ne se démentent pas sur au moins les 3/4 du disque. Un parti pris qui tombe sous le sens quand Herring intitule une de ses chansons du nom d'un antidépresseur, Trazodone. Encore plus sombres le hanté Young Ones qui distille sa mélancolie sur un rythme engourdi et l'orageux Hit Miss.

D'un autre côté, Seemed To Be et Passed Away fonctionnent davantage sur le mode d'une alt-country à grosses guitares nette et efficace.

Au final un excellent album qui incitera à fouiller dans le passé discographique du jeune homme.

Collin Herring - Trazodone (MP3)

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mercredi 17 mars 2010

Exebelle & The Rusted Cavalcade - Vivement l'Automne!


Alors que le printemps approche, c'est avec un léger décalage qu'Exebelle & The Rusted Cavalcade nous gratifie de leur EP de saison tout entier consacré... à l'automne. Le jeune groupe originaire de Richmond en Virginie a choisi de le baptiser Vivement l'Automne!, petit clin d'oeil au billet que je leur consacrais il y a quelques mois. Pas même le temps de rougir à l'honneur qui m'est fait que le talent du groupe se confirme, d'abord sur le doux Introduction To Songs of Innocence puis sur l'entraînant Rosasharn. Si We'll Go On est estampillé pur Exebelle dans la lignée des EP précédents, Lithium Smile intrigue davantage dans un style plus éthéré pouvant évoquer My Morning Jacket. Seuls 7 morceaux hélas, mais au moins la qualité n'a pas le temps de faiblir, tant au niveau des harmonies vocales (Pearl In The Cottonseed, Born Older) que des parties instrumentales (Harboring The Tygers). Raison de plus pour attendre avec impatience leur prochain EP, un format qui décidément leur réussit bien.

Exebelle & The Rusted Cavalcade - We'll Go On (MP3)

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jeudi 4 mars 2010

Ray Wylie Hubbard - A. Enlightenment B. Endarkenment (Hint: There Is No C)

Auteur dans les années 70 de l'hymne outlaw-country Up Against the Wall, Redneck Mother (que Jerry Jeff Walker popularisa sur Viva Terlingua), Ray Wylie Hubbard ressurgissait 20 ans plus tard après un long passage à vide. Depuis assez prolifique, le Texan d'adoption sort un album au titre étrange, A. Enlightenment B. Endarkenment (Hint: There Is No C). Etant moi-même néophyte face à son oeuvre, je ne me permettrai pas de juger s'il s'agit d'un bon ou d'un mauvais Hubbard mais sur ma modeste échelle de valeurs disons simplement que ce disque se situe très très haut.


Mélange de country gothique et de blues poisseux, A. Enlightenment B. Endarkenment (Hint: There Is No C) brasse images fortes et tournures poétiques avec brio. Le morceau-titre fait allusion au Corbeau, le poème d'Edgar Allan Poe, et plus loin, sur Down Home Country Blues, Hubbard tient à mettre Muddy Waters et William Blake sur un pied d'égalité. Aux citations littéraires s'ajoutent les références religieuses comme sur The Four Horsemen of the Apocalypse ou le terrifiant Every Day Is The Day Of The Dead. Sur le même thème, Whoop and Hollar est un gospel halluciné, martial et exaltant.

Plus terre à terre, Wasp's Nest est un blues moite et traînant autour d'un nid de guêpes et Pots and Pans n'est visiblement que le prétexte à une joyeuse cacophonie (ponctuée par un orgasme féminin). Hubbard orchestre le tout du haut d'une production à la fois brute et soignée et épaulé d'une équipe de musiciens comptant notamment le guitariste Gurf Morlix. A suivre dans les prochains mois, The Last Rites Of Ransom Pride, un western violent et décadent qu'il a co-écrit, avec au générique Kris Kristofferson et Dwight Yoakam, et qui devrait en dire plus sur les obsessions et l'univers intriguant de Ray Wylie Hubbard.

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Acheter A. Enlightenment B. Endarkenment (Hint: There Is No C) (2010, Bordello) [eMusic]

lundi 1 mars 2010

Leslie and The Badgers - Roomful of Smoke

Leslie Stevens, c'est un peu toutes les femmes qu'on aime réunies en une. Emmylou Harris, Joni Mitchell, Julie Miller, Dolly Parton, Iris Dement, Nanci Griffith... on les entend toutes un peu dans la voix de Leslie.


Accompagnée des Badgers, la Californienne sort son deuxième album*, Roomful of Smoke, et l'on peut parler d'une fracassante révélation dans le paysage americana. La chanteuse et son groupe y jonglent avec les styles, à la frontière entre la country et la soul, avec une remarquable assurance, tant et si bien qu'on peine à trouver un maillon faible dans cette liste de 14 morceaux.

Los Angeles nous plonge d'abord dans un décor de folk pastoral quelque part entre Laurel et Topanga Canyon. Puis la Leslie délicate fait place à la Leslie country-rock sur le morceau-titre qui rappelle Linda Ronstadt dans les années 70, impression qui refait surface un peu plus loin sur le carré Salvation.

Leslie and The Badgers - Los Angeles (MP3)

Sous ses airs désinvoltes, Old Timers livre une évocation nostalgique de l'enfance particulièrement poignante, que le jeu tout en finesse du guitariste Glenn Oyabe ne fait qu'élever. Winter Fugue oeuvre dans la même veine mélancolique alors que la voix de Leslie s'autorise quelques envolées.
Mais rien en comparaison de la prestation survoltée qu'elle nous offre sur My Tears Are Wasted On You qui évoque une Dolly Parton vintage qui aurait méchamment trempé dans la soul. Tour de force vocal réitéré sur Silly, reprise d'un tube RnB des années 80 signé Deniece Williams auquel Stevens ajoute un décisif supplément de passion.

Leslie and The Badgers - My Tears Are Wasted On You (MP3)

Même le western swing ne résiste pas au traitement frais et inspiré des Badgers : mené par le fiddle de Charlene Huang, Don Juan esquisse un two-step à damner les Texas Playboys! Et quand sur Americans In Rome et What Fall Promised le fiddle se fait violon bastringue, on bascule directement en Europe de l'Est pour deux véritables tentatives de country tzigane.

Apothéose sur If I Was A Linen lorsque Stevens, sous le cri d'une scie musicale, revêt les habits d'une héroïne lynchienne, aussi belle et mystérieuse que la Neko Case de Blacklisted, prête à nous hanter pour l'éternité.

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*Un petit merci au passage à When You Awake pour la découverte...