Nous voilà rassurés d'emblée par les 3 premiers morceaux : Last Call-Either Way-Solitary Thinkin', tiercé gagnant nous rappelant la chanteuse exceptionnelle qu'est Lee Ann Womack. A sa puissance vocale s'ajoutent un style et un phrasé incomparable capable de transformer un vers banal en une déclaration déchirante de tristesse.
Last Call est une bar-song prise à l'envers, c'est à dire narrée du point de vue de la personne pour qui le protagoniste se noie dans l'alcool. Womack la chante avec l'amertume de ceux à qui on ne la fait plus : "I don't need to check that message/I know what it says/"Baby, I still love you,"/Don't mean nothing when there's whiskey on your breath/That's the only love I get" - la manière avec laquelle elle fait claquer les mots du dernier vers est saisissante.
Sur Either Way (écrite par Chris Stapleton des Steeldrivers), Womack pousse de son chant subtil encore un peu plus loin la résignation, allant jusqu'à nous mettre mal à l'aise face à cette chronique d'un couple à la dérive ("We go to work, we go to church/We fake the perfect life"). La conclusion est sans appel : "Baby you can go or you can stay/I won't love you either way".
Solitary Thinkin' adopte un ton plus relâché, quasiment lounge, pour évoquer le réconfort d'une soirée de solitude dans un bar ("Well I only came into this bar/To hear a sad song") où forcément l'alcool aide à faire oublier ("I couldn't get you on the phone/So, I let it ring/On and on in a lonesome serenade")... Une fois de plus la façon dont Womack a de ponctuer ses phrases, de suspendre les syllabes est un pur régal.
Last Call (Unplugged at Studio 330)
Lee Ann Womack -
On signalera même une curiosité : The Bees, la chronique d'une renaissance, échaffaudée sur une ligne de basse proéminente et comme émaillée d'étranges boucles de fiddle, pedal-steel et orgue. C'est certainement ce que Womack a jamais fait de plus soniquement audacieux et, dans tous les sens du terme, l'un des morceaux les plus vibrants de cet album.
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Acheter Call Me Crazy (2008, MCA Nashville)