Certains appellent ça de la country, mais le 3ème album (comme les 2 premiers) d'
Oakley Hall est aussi country que l'album de Johnny est blues. Disons donc country par les franges, et sous une bonne couche d'influences diverses; country urbaine passée à la moulinette de filtres psychédéliques pour aboutir à un résultat aussi éblouissant et hypnotique que l'entrelacement de couleurs qui orne la pochette de
I'll Follow You. Cet album est excellent pour plusieurs raisons et estimable pour une en particulier : sa formidable capacité à faire surgir le beau du laid et le laid du beau. Le laid ici ce sont les guitares agressives et distordues, les claviers menaçants et les choeurs parfois fantomatiques. Le beau, l'inoffensif oserai-je dire, est à trouver dans des lignes de banjo paisibles, un fiddle enchanteur et des harmonies joliment réglées. Cette bataille esthétique divise l'album en deux parties (les morceaux lumineux/les morceaux sombres) mais se retrouve aussi à l'intérieur même de plusieurs chansons, dans le sens où l'équilibre du morceau est susceptible à tout moment d'être menacé au détour d'un arrangement fourbe, d'un riff incontrôlé ou d'un beat frénétique. Placé pile au milieu de l'album, le morceau-titre représente le point d'équilibre du disque, construit autour d'une guitare sinueuse et d'un chant flottant, un chef d'oeuvre aérien, ni trop beau ni trop laid, juste parfait.
Donc
I'll Follow You devrait contenter tout le monde, les grincheux et les optimistes, s'écouter les jours de blues et les jours de joie, en hiver et en été. Un kaléidoscope de sons et d'émotions pour un album horriblement beau et magnifiquement laid.
[chronique précédemment publiée sur
VoxPopMag]
Oakley Hall -
No Dreams (MP3)
Oakley Hall -
I'll Follow You (MP3)
Oakley Hall -
Angela (MP3)
Acheter
I'll Follow You (2007, Merge)