lundi 25 mai 2009

Sarah Borges & the Broken Singles - The Stars Are Out

Il aura suffi de 2 albums à Sarah Borges pour se forger une place de choix aux avant-postes du roots-rock américain. Le recul nous manque peut-être mais je suis prêt à parier que Silver City (2005) et Diamonds in the Dark (2007) sont de futurs classiques du genre. Alors qu'en est-il de sa nouvelle livraison, The Stars are Out, sortie un peu plus tôt cette année?



Sugar Hill n'hésite pas à présenter l'album comme les premiers pas de la chanteuse dans l'indie-rock. Mouais, il y a bien une reprise des Magnetic Fields mais pas de quoi émoustiller les critiques de Pitchfork. Une chose est sûre, sur The Stars are Out Sarah Borges s'éloigne un peu de ses fondamentaux country pour nous offrir un rock plus générique, sans pour autant sacrifier la marque de fabrique des Broken Singles, cette énergie et ce talent à recycler les sonorités classiques de la musique populaire américaine.

Sarah Borges & the Broken Singles - Yesterday's Love (MP3)

Comme d'habitude, Borges divise son album entre un choix de reprises iconoclastes et une fournée d'originaux inspirés. Placé en ouverture, Do It For Free parvient à surprendre d'emblée avec ses riffs agressifs et son esprit power-pop. Encore plus addictif est le morceau qui suit : Yesterday's Love - reprise de Any Trouble, groupe anglais des années 80 un peu oublié - propulse l'album sur un rythme trémoussant. L'original Me and Your Ghost ne relâche pas la pression, au contraire : c'est une capsule rock en provenance directe des fifties et dont les vertus dansantes ne tardent pas à faire leur effet. Emprunté à NRBQ, It Comes To Me Naturally prouve que Borges et son groupe n'ont pas perdu la main pour ce qui est de trousser un bon rockabilly.

Mais aussi exubérante soit-elle, la belle de Boston manie aussi bien la mélancolie. Ainsi, en convoquant Stephen Merritt elle savait très bien ce qu'elle faisait : entre ses mains le No One Will Ever Love You des Magnetic Fields ne perd rien de son amertume et gagne même en chaleur et en expressivité. Et elle vise juste également en déterrant l'une des plus belles ballades d'Evan Dando des Lemonheads, Ride With Me. De la nostalgie à l'espoir il n'y a qu'un pas, que franchit Borges avec panache sur un Better At The End Of The Day plein de souffle et de conviction.

The Stars are Out se referme sur une Symphony toute en cordes et beats de boîte à rythmes, conclusion peut-être un peu pâle à un album riche en sueur et en émotions.

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Acheter The Stars Are Out (2009, Sugar Hill Records)

mercredi 20 mai 2009

Nouveau player



Petit changement de player : avec Yahoo Music Player vous pourrez écouter les morceaux à la suite comme une playlist, faire pause, avancer, reculer, régler le son etc. J'espère que ça vous conviendra. Vos remarques sont les bienvenues.

lundi 18 mai 2009

Bonnie Prince Billy - Beware



Loin de la froideur de The Letting Go (2006) et dans la continuité de Lie Down in the Light (2008), le productif Will Oldham se pare, sur sa livraison annuelle, des ornements d'une country luxuriante et généreuse. L'homme n'avait pas été aussi bien entouré depuis Sings Greatest Palace Music (2004), alors confectionné au coeur du Nashville classique : Jennifer Hutt au fiddle, Greg Leisz à la pedal-steel, Nicole Mitchell à la flûte, Emmett Kelly aux guitares, et bien d'autres aux claviers, percussions exotiques, choeurs et même un saxo limite provocateur... tout contribue à faire de Beware l'opus le plus musicalement dense de la pléthorique carrière du Prince.

Bonnie Prince Billy - I Don't Belong To Anyone (MP3)

Si la pochette renvoie explicitement à Neil Young et Tonight's the Night, c'est à un autre héros des années 70, maudit celui-ci, que l'on pense : Mickey Newbury - que BPB reprenait récemment sur Ask Forgiveness - pratiquait ce même genre de folk chatoyant et triste à la fois.

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Acheter Beware (2009, Drag City)

vendredi 15 mai 2009

Justin Townes Earle - Midnight at the Movies

Il est assez bluffant de se rendre compte avec quelle facilité Justin Townes Earle s'affranchit, sur son 2ème album Midnight at the Movies, du double poids de son patronyme. Fils de Steve Earle et baptisé du prénom de Townes Van Zandt, JTE choisit de ne marcher dans les pas de ni de l'un ni de l'autre.



Il semble en effet avoir suffisamment assimilé cet héritage familial et culturel pour nous livrer un album personnel et varié. Et le jeune homme de jongler avec les styles : du ragtime (Dirty Rag) au honky-tonk swing (Poor Fool, What I Mean To You) en passant par le folk (Mama's Eyes, Midnight at the Movies) et sans oublier un détour du côté de l'indie-rock (I Can't Hardly Wait, jouissive reprise des Replacements)... rien ne résiste à l'appétit du fils Earle et tant pis pour ceux qui se plaindraient du manque de cohérence de l'ensemble. Si Justin Townes est bien le fils de son père, alors ce superbe album n'est que le deuxième d'une très longue liste.

Justin Townes Earle - Midnight at the Movies (MP3)
Justin Townes Earle - What I Mean To You (MP3)

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Acheter Midnight at the Movies (2009, Bloodshot Records)

mercredi 13 mai 2009

Buddy & Julie Miller - Written in Chalk

Sur le papier c'est un album en duo mais dans les faits c'est toute une troupe qui entoure Buddy et Julie Miller sur Written in Chalk, le deuxième album du couple. Robert Plant, Patty Griffin, les soeurs McCrary et Emmylou Harris viennent prêter leurs voix aux morceaux des Miller. Tout ça pour dire qu'on entend finalement assez peu les 2 époux chanter ensemble mais lorsque leur voix s'unissent, elles font des étincelles : Ellis County est une complainte nostalgique autant qu'une ode aux valeurs simples - et autant le dire tout de suite la plus belle chanson de l'année; Gasoline and Matches est un blues littéralement incendiaire sur fond d'amour explosif; et plus loin, le dépouillé June livre un hommage émouvant à June Carter Cash.



Mais Buddy et Julie brillent autant dans leurs infidélités. Le premier semble se payer du bon temps en reprenant le What You Gonna Do Leroy? de Mel Tills avec rien moins que Robert Plant (les deux se sont connus lors du disque de Plant avec Alison Krauss) puis aussitôt nous brise le coeur sur Hush, Sorrow avec Regina McCrary. Patty Griffin trouve la juste mesure pour accompagner la seconde sur le bouleversant Don't Say Goodbye. Il suffit de peu à Julie Miller pour nous remuer et c'est donc seule qu'elle empoigne le jazzy A Long, Long Time et l'éthéré Everytime We Say Goodbye.

Buddy & Julie Miller - Ellis County (MP3)
Buddy & Julie Miller - Don't Say Goodbye (with Patty Griffin) (MP3)

C'est la mort rapprochée de la mère et du frère de Julie Miller qui a nourri tous ces morceaux - par conséquent pratiquemment tous signés de sa plume. Mais à aucun moment la douleur ne l'emporte sur le réconfort et l'espoir. C'est dire tout l'amour et la foi que Buddy et Julie Miller placent dans leur musique.

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Acheter Written in Chalk (2009, New West Records)

mardi 12 mai 2009

Neko Case - Middle Cyclone

[**repost après suppression**]



Il aura fallu attendre le 5ème album de Neko Case pour la voir enfin écrire une chanson d'amour... dont le protagoniste est une tornade mais une chanson d'amour quand même. La tornade détruit tout sur son passage, dans la quête obsessionnelle et vaine de l'objet de son affection. Attention ceci n'est pas une métaphore : Neko Case s'en défend interview après interview et demande à ce qu'on prenne This Tornado Loves You au pied de la lettre.

Neko Case - This Tornado Loves You (MP3)

Ce n'est pas une nouveauté la chanteuse rousse a un rapport particulier avec la nature et les animaux. Tigres, volatiles, renards, lions et insectes peuplaient déjà ses albums précédents. Middle Cyclone serait à prendre comme l'aboutissement de ses obsessions sur l'éternelle lutte entre la nature et la culture, l'inné et l'acquis : "Things like animals and nature, they're located in the tender receptor of my brain. And I'm just now trying to come to terms with the notion of loving people as much as I love those other things - because I grew up in a way that made me love the one but not the other."

Neko Case - I'm An Animal (MP3)

L'album contient trop de beaux moments pour tous les citer mais quand même... People Got A Lotta Nerve et ses guitares byrdsiennes, I'm An Animal ("you could say it's my instinct/yes, i still have one") avec Carl Newman aux choeurs, la grandiloquence de Never Turn Your Back On Mother Earth (reprise de Sparks pile-poil dans le sujet), l'enchevêtrement de pianos sur le Don't Forget Me de Harry Nillsson...



Comme d'accoutumée un casting de choix - M Ward, Garth Hudson, Kelly Hogan, Jon Ronhause, Sarah Harmer, des membres des New Pornographes, des Lobos, de Calexico ou Giant Sand - est réuni pour servir les vers obscurs et la voix immense de Neko Case.

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Acheter Middle Cyclone (2009, Anti-)