samedi 30 septembre 2006

Old Crow Medicine Show - Big Iron World



Old Crow Medicine Show est souvent présenté comme l'équivalent masculin des Be Good Tanyas, ce qui n'est pas complètement faux mais qui a le désavantage de passer sous silence l'exubérance de leur musique. OCMS ne fait pas seulement partie de ses nombreux groupes de revivalistes folk/bluegrass qui pullulent actuellement aux Etats-Unis, et qui vous l'aurez remarqué font les choux-gras de ce blog, mais en est carrément la figure de proue. Les 5 Américains ont été repérés alors qu'ils jouaient dans la rue par le grand Doc Watson, qui chacun le sait n'est pas sourd. Watson s'empresse de les programmer au Merlefest puis tout s'enchaîne pour le groupe qui se retrouve à l'affiche du Grand Ole Opry, puis se produit en première partie du Del McCoury Band, de Dolly Parton, Merle Haggard ou Marty Stuart.

Comme pour leur premier album, c'est l'acolyte de Gillian Welch, David Rawlings, qui s'est chargé de la production de Big Iron World. Banjos, harmonicas, fiddles et contrebasse sont une fois de plus de la partie pour un résultat encore plus percutant que sur O.C.M.S. Le groupe est passé maître dans la relecture des traditionnels du répertoire américain, dans l'esprit du folk revival des années 60. Mais moins respectueux que leurs confrères du Chatham County Line, les 5 revivalistes savent insuffler une énergie sans pareille à leurs chansons, un peu à la manière de mes autres chouchous les Avett Brothers. Il suffit d'écouter leur version de Cocaine Habit pour s'en convaincre, qui obtient les mêmes résultats euphorisants que Tell It To Me sur leur 1er opus. Mais Old Crow Medicine Show s'en sort aussi bien avec ses propres compositions, en témoignent le galopant Don't Ride That Horse, le plus apaisé My Good Gal ou mon préféré New Virginia Creeper.

Old Crow Medicine Show - Cocaine Habit (MP3)
Old Crow Medicine Show - New Virginia Creeper (MP3)


Achetez Big Iron World (2006, Nettwerk)

jeudi 28 septembre 2006

J. Tillman, nouveau talent en provenance de Seattle (en concert samedi soir à Vincennes)


Alors que Seattle a vu éclore 2 de mes plus belles révélations de l'année, Band of Horses et Sera Cahoone, voilà que la capitale de l'état de Washington nous gratifie d'un nouveau talent folk, j'ai nommé J. Tillman. Originaire du Maryland, Josh (c'est son prénom) a traversé le continent, sa guitare en bandoulière, avant d'accoster sur les rives du Pacifique et d'y faire une rencontre décisive, celle de Damien Jurado. Ce dernier le prend sous son aile et lui conseille de persévérer, ce que J. Tillman fait à travers 2 albums auto-produits, I Will Return et Long May You Run (qui seront bientôt réédités par Keep Recordings). Minor Works est donc son premier disque à bénéficier d'une distribution digne de ce nom grâce au label Fargo qui l'a signé sur les conseils de Jesse Sykes, autre figure importante de la scène de Seattle et à laquelle J. Tillman est souvent comparé.
Tillman n'est pas un simple singer-songwriter de plus comme, trop modeste, il aurait lui-même tendance à se décrire. Ses ballades mélancoliques portent en elle une beauté sombre et tourmentée qui le démarque d'emblée du tout-venant folk. A l'écoute de cet album country-folk, difficile de ne pas penser à Ryan Adams, avec qui J. Tillman partage les influences de Bob Dylan, Neil Young et Gram Parsons. Un concentré d'Amérique en somme, qui justifie amplement la présence de Tillman au festival America samedi soir à 21h30 à Vincennes (aux côtés de Richmond Fontaine).

J. Tillman - Jesse's Not A Sleeper (MP3)
J. Tillman - Now You're Among Strangers (MP3)


Achetez Minor Works (2006, Fargo)

mercredi 27 septembre 2006

The Be Good Tanyas - Hello Love


Me voilà enfin de retour après de multiples absences et avec les meilleures résolutions pour redonner à ce blog un semblant d'activité. Et quoi de mieux pour inaugurer l'automne que les Be Good Tanyas, le groupe idéal pour vos longues soirées pluvieuses? Les Canadiennes sont en effet de retour avec un nouvel album prévu pour le 10 octobre. Intitulé Hello Love, ce 3ème opus ne varie pas de leur formule habituelle : des choeurs chevrotants, une ambiance boisée et des mélodies intemporelles, le tout sous fond d'orchestration old-time. La tracklist comprend notamment des reprises de Neil Young (For The Turnstiles), Prince (When Doves Cry) et Mississippi John Hurt (Nobody Cares For Me). On a même droit à une apparition de leur ex-membre Jolie Holland, également auteur au début de l'année de l'excellent Springtime Can Kill You dont ce Hello Love se révèle le parfait pendant automnal.

The Be Good Tanyas - Human Thing (MP3)


Pré-achetez Hello Love (10/2006 - Nettwerk)

mercredi 6 septembre 2006

Going Down With Quarter-Pounder


Charles et Robert Peacefull n'ont rien à vous vendre. Après tout ce qui a pu leur arriver, ils ne s'imaginaient sans doute pas refaire de la musique, alors pensez-vous gagner de l'argent en faisant de la musique, ils n'en demandent pas autant. Car en effet, leur histoire est pour le moins... disons hors du commun. Jobs déprimants, divorces, passages en prison et à la rue, dépression, obésité, tentatives de suicide, séjours en hôpital psychiatrique : voici quelques-uns des déboires que se partagent Charles et Robert. Jusqu'à l'été 2005 où vint à l'idée de Charles de proposer à son frère de reprendre la musique ensemble. The Gift, leur groupe post-punk, avait atteint une certaine notoriété dans l'underground londonien au début des années 90 avant de s'écraser face à l'obstacle du 1er album.
10 chansons résultèrent de la session, par ailleurs rendue compliquée par l'amputation de 2 doigts de la main droite de Charles (je vous l'avais dit que cette histoire était terrible!).
Bon après tout ça, vous imaginez que Quarter-Pounder (c'est leur nom de scène... au moins ne manque-t-til pas d'humour!) ne font pas dans la rigolade pop. Et vous avez raison. C'est triste, déprimant... et beau comme le plus sombre Will Oldham.

Quarter-Pounder - I'm Going Down With You (MP3)
Quarter-Pounder - Chet Carter (MP3)

Les 8 autres chansons sont téléchargeables gratuitement sur leur site web. Un 2ème album devrait voir le jour incessament sous peu, surveillez la page.

dimanche 3 septembre 2006

Chatham County Line - Speed Of The Whippoorwill

Comme les Hackensaw Boys ou les Avett Brothers, le credo de Chatham County Line c'est le bluegrass avec une touche d'indie credibility. Du moins c'est ce que ces 4 gars de Caroline du Nord proclament, car dans les faits on est plutôt dans le sillage d'une musique old-time classique, mais avec ce soupçon d'ouverture susceptible d'attirer un public nouveau, plus jeune, plus branché (cette fois-ci, Pitchfork adore!).
Chatham County Line est né des cendres d'un groupe de rock sous forte influence Neil Young baptisé Stillhouse. Son leader, Dave Wilson, finira par enterrer le groupe au profit de son side-project acoustique monté avec l'aide de Greg Readling à la pedal-steel et à la contrebasse, John Teer à la mandoline et Chandler Holt au banjo. La nouvelle formation fourbira ses armes en accompagnant la délicieuse Tift Merritt dans ses tournées avant d'enregistrer leur 1er album éponyme en 2003.



Speed Of The Whipporwill est leur 3ème réalisation avec aux manettes Brian Paulson, déjà producteur de quelques mythes américains (Uncle Tupelo, Joe Henry, Son Volt, Wilco). On aura beau chercher, ici pas de traces, même infimes, du punk qu'insuffle insidieusement les Hackensaw Boys à leurs morceaux. La folie, les excès, CCL les laisse volontiers aux frères Avett. Et le choc des genres prôné par feu Nickel Creek, ce n'est pas eux qui en reprendront le flambeau. Non, ici tout est question de pureté et d'authenticité. D'abord, la voix nasillarde de Dave Wilson est de celles qui ont fait et font toujours la marque de fabrique du genre. Associez là à celles de ses camarades de jeux, et vous entendrez des harmonies parfaites. Ajoutez à cela la qualité des musiciens : chacun apporte sa pierre à l'édifice et garantit la cohésion de l'ensemble; chacun a aussi droit à son solo mais pas dans l'esprit "je suis une virtuose et vous allez voir ce que vous allez voir!". Au final, vous obtenez ce que Dave Wilson a lui-même baptisé le "new traditionalism".

Les thèmes abordés ne sont pas plus contemporains que la musique écrite pour les accompagner. C'est à un voyage à travers une Amérique révolue que nous convie CCL : celle des outlaws (Rock Pile); des travailleurs (They were just Children, où un mineur exploite ses gosses pour en faire des stars et peut-être sortir la famille de la misère); de la guerre de sécession (Confederate Soldier, où un déserteur trouve refuge chez une charmante étrangère); et encore mieux, celle de Mark Twain (By The Riverside, le Mississippi, Huck et Jim, on s'y croirait).

Bill, Lester et les autres peuvent reposer en paix, avec Chatham County Line le temple du bluegrass est très bien gardé.

Chatham County Line - Speed Of The Whippoorwill (MP3)
Chatham County Line - Day I Die (MP3)
D'autres titres en écoute sur leur page myspace


Achetez Speed Of The Whippoorwill (2006, Yep Roc)